« HOME » de John Butler Trio

Si vous remontez un peu dans l’histoire de ce blog, vous savez déjà que j’ai beaucoup aimé John Butler par le passé. Non pas que j’aie arrêté d’écouter sa musique, mais depuis Grand National, ses albums étaient devenus moins poignants. Je n’étais plus impatient d’en entendre plus. Cela vient de changer avec Home.

Petite baisse de régime

Après Grand National, John a changé la composition de son trio, comme il aime le faire régulièrement. J’avais déjà écrit sur le fait que je n’étais pas du tout convaincu par les nouveaux musiciens, et ça s’est ressenti sur ses albums suivants.

Le trio, cuvée 2013. Grant Gerathy, John Butler et Byron Luiters

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : April Uprising et Flesh & Blood sont relativement bons, et je les ai bien entendu achetés. Mais j’ai toujours trouvé qu’ils manquaient un peu de magie. Oh, il y a toujours des perles qui ressortent, comme « Revolution » et « One Way Road » sur April Uprising, ou « Livin’in the City » et « Devil Woman » sur Flesh & Blood.

Mais ça manque de sensibilité à la « Peaches & Cream » ou « Losing You », de son un peu roots à la « Daniella » ou « Gov Did Nothin’ ». On pourra noter que le départ de Nicky Bomba au profit de Grant Gerathy avait déjà redonné un peu de dynamisme au groupe en concert, mais sans jamais atteindre le niveau d’antan.

Introspection

Avec HOME, John décide de revenir à ses racines pour nous proposer un album très personnel. En effet, il raconte qu’après une tournée de 3 ans pour Flesh & Blood, il avait décidé de déménager et de retourner à la campagne, près d’une rivière, un endroit ressemblant à celui qui l’a vu grandir.

Pendant une année, il s’est consacré à ce terrain pour façonner un immense jardin et une maison pour en faire son chez-lui. Ce faisant, loin du maelström de la ville et du rythme infernal des concerts, il a laissé son esprit décanter afin de se remettre en phase avec lui-même. C’est ainsi qu’une sérénité s’est installée, mais des démons se sont aussi réveillés. Il entendait alors des chansons, ce qu’il appelle son don, des chansons qui ne demandaient qu’à naître à travers lui. Mais pour ce faire, il devrait faire face à ces fameux démons, ses démons.

Naissance

En résulte un album qui, dès la première piste, « Tahitian Blue », nous transporte dans le monde de John, avec ce son roots au banjo qui s’était fait rare. Certes, on a le droit à un peu d’électronique dans le mix, mais ça reste discret, pour accentuer quelques transitions. La grande nouveauté réside dans le fait que le trio n’en est plus vraiment un, John s’étant entouré de deux percussionnistes, ce qui donne une dimension tribale au son du groupe, comme peuvent en témoigner « Wade In The Water » et « Home ».

Sur scène, cette formation étendue offre une présence féminine dans les chœurs qui rafraîchit les compositions de John.

La perle de cet album ? « Coffee, Methadone & Cigarettes », qui raconte un peu la vie de son père, souffrant d’un trauma après la perte de son propre père dans un incendie :

Enfin, je remarque aussi qu’il n’y pas de piste un peu OVNI comme il a pu y en avoir dans le passé avec « Blame it on Me » ou encore « C’mon Now », qui ne sonnent absolument pas JBT à mes oreilles.

Le tout donne un album cohérent et définitivement John Butler. Je recommande chaudement !