Hommage à un homme qui a marqué ma vie
Ce post ne parlera pas de gadget, ni de code, ni de musique. J’ai eu le besoin de coucher par écrit des choses qui tournent dans ma tête, à propos d’une personne qui a fortement marqué ma vie, qui a contribué à forger la personne que je suis aujourd’hui. Ce sera très personnel, du coup si vous n’avez pas connu Guillaume L., ça ne vous parlera sûrement pas, mais vous êtes libre de faire ce que vous voulez de votre temps. Vous voilà prévenus 🙂
02 Février 2022. Je ne sais pas ce qui me pousse à écrire ça ce soir. Ça fait maintenant 2 jours que mes pensées vagabondent pas mal vers les années lycée, pour aucune raison particulière. Serait-ce une crise de la 40e un peu tardive ? Qui sait ? Le fait est que j’ai repensé à toi, Guillaume, et au fait que ça fait déjà 1 an et demi que tu es parti vers la terre que tout être humain finira par atteindre. Un peu trop tôt, mais c’est pas comme si tu avais eu le choix.
Quand j’ai appris que tu étais mal en point, j’ai été choqué, mais sur le moment, je n’ai pas été en mesure de l’exprimer. Je sortais d’une période difficile mentalement et je crois que mes efforts pour bloquer les crises d’angoisse ont dû bloquer aussi le torrent d’émotions qui auraient dû prendre possession de moi. Après tout, tu as été mon meilleur ami.
The Beatles, Cake, Les Innocents, Donjons et Dragons, Vampire la Mascarade, et le jeu de rôle en général, Warhammer, Blood Bowl, Necromunda… Des mots un peu bizarre pour la majorité des ados vivant dans les années 90, mais tu n’étais pas partisan de la majorité. En tant que parias, on s’est vite trouvé tous les deux, et tu m’a emmené dans ton monde où j’ai découvert les joies du jeu de rôle, les frustrations des parties de Blood Bowl, les discussions à refaire le monde ou à élaborer des théories fumeuses sur la structure de l’univers (tu te souviens du gruyère et ses trous ?).
Je me souviens aussi nos séjours linguistiques en Angleterre où les sorties du soir étaient un peu une nouveauté pour moi, enfant élevé dans un cadre familial un peu strict. Je me souviens nos premiers flirts avec les filles, tes encouragements quand je ne savais pas comment m’y prendre avec une fille (même si, avouons-le, tu n’en savais pas plus que moi 😉).
Je me souviens de ton séjour à Nantes, je crois ? Je t’avoue que cette partie là est restée flou dans ma mémoire. Je me vois t’accompagner à la gare (tout prétexte pour sortir du cocon familial était bon à l’époque), mais c’est à peu près tout.
Non, les souvenirs les plus nombreux ensuite, ce sont ceux dans votre appart à Hélène et toi dans le 13e. Votre déménagement (j’étais jaloux, étant coincé chez mes parents !). La galère pour se garer Place d’Italie. Les parties de JDR autour de chips, biscuits et des litres de thé, qui se finissaient à 3h du matin. Star Wars je crois que c’était (Kapoué !), mais sûrement du D&D aussi (avec de la mousse !). Le froid et le silence de la rue quand on rentrait chez nous avec Kénil.
Et puis j’avoue ne plus trop savoir ce qui s’est passé. La vie nous a porté sur des courants différents. L’entré à Epita a flingué tout mon temps libre et je penses que j’ai arrêté le JDR à ce moment ? Saleté de mémoire. Le fait est que c’est là qu’on s’est perdu de vue. Puis j’ai rencontré d’autres personnes avec qui j’ai vécu des moments forts (les nuits blanches à coder, ça crée des liens). Je t’ai même fait des infidélités en faisant du JDR avec un autre MJ ! Après les études, j’ai eu mon épisode musicien avec l’école de musique, où j’ai vu Arnaud plus souvent que toi dis donc !
On passe encore quelques années, et on ne s’est plus vu du tout. Kénil continuait à te voir je crois, les Quach te collaient toujours aux basques 😉. Moi, j’ai encore rencontré d’autres personnes dans cette école, avec qui j’ai écrit un autre chapitre de ma vie. Chapitre qui a lui aussi fini par se fermer et me voilà désormais vivant en Écosse.
C’est de là que j’ai appris pour ta santé. Ce blanc que j’ai ressenti, aujourd’hui, je le culpabilise un peu. Je n’ai même pas contacté Hélène. Ça ne me ressemble pas. Bref, c’est peut être la dette émotionnelle qui me fait coucher ces mots ce soir. Ça ne change rien à mon manque de réaction au moment opportun, mais au moins, j’ai l’impression d’avoir dit à quel point tu as été mon meilleur ami, et que parmi tous les regrets que je me traîne, t’avoir perdu de vue en fait parti. J’espère que tu sera derrière les douanes de la terre finale quand je les passerais et qu’on refera le monde là bas !
Ciao Guigui, et merci pour tout.