La fin du par cœur et de la concentration ?
Framablog a traduit un article qui suggère que l’apprentissage par cœur et la mémorisation en général est une perte de temps dans l’éducation de nos chères têtes blondes.
Un gros pense-bête
En effet, Internet est un vivier de connaissances sans fin, on y trouve réponse à tout ou presque. Quand j’étais étudiant, il y a 7 ans de ça (wow, déjà ?!) je sollicitais régulièrement le réseau (avec le débit tout pourri qui le caractérisait) pour y pêcher des informations sur différents sujets pour monter un exposé ou pour accomplir un projet. Avec l’avènement de Wikipedia et autres blogs, je pense que ce geste est encore plus courant de nos jours. J’imagine très bien les étudiants copiant-collant allègrement des pans entiers de l’encyclopédie collaborative avant de se faire pincer par un prof pas trop largué par les nouvelles technologies.
Histoire de câbles
De ce fait, l’article pose la question de la place de la mémorisation dans l’éducation. Pour faire court, certains estiment que la mémorisation n’est plus utile et que l’énergie d’apprentissage devrait se situer dans la compréhension des choses. L’exemple pris tout le long est l’Histoire. Aaaah, les cours d’Histoire et leur florilège de dates et de chronologies à retenir au moins le temps d’un devoir sur table. La question se situe sur le fait que ne plus mémoriser par cœur cette suite de dates permettrait aux élèves de mieux cerner le contexte dans lequel les faits ont eu lieu, comprendre les causes, les effets et leurs enchaînements.
D’autres restent attachés à la valeur de la mémorisation, convaincus que le par cœur participe fortement au modelage correct de la pensée. A leurs yeux, s’appuyer sur les nouvelles technologies soumet le cerveau à une multiplication des informations à manipuler simultanément (chercher une réponse sur Wikipédia pendant la rédaction d’un article blog tout en gérant les communications instantanées et les emails). Cela se traduirait par une déconcentration perpétuelle du cerveau qui, subit dès le plus jeune âge, finirait par câbler le cerveau d’une manière différente le laissant dans l’incapacité de se concentrer sur une longue période.
C’est une problématique que d’autres se posent et un article paru cet été a fait pas mal de bruit sur la toile. Il suggère que le fait d’être longtemps sur Internet à chercher des infos, les obtenir rapidement, être interrompu par divers stimulus électroniques extérieurs, cela continuellement, nous éloigne de la capacité à pouvoir se concentrer longtemps sur un sujet à cause d’un "recâblage" de notre cerveau.
Mutation du cerveau, vraiment ?
Il est vrai que je constate aussi ce genre de symptômes sur moi-même, mais il m’est difficile de savoir si c’est vraiment le fait d’être trop connecté qui conduit à ce manque de concentration. Comme j’ai ma messagerie instantanée de connectée, je suis effectivement régulièrement interrompu par des contacts ou des mails. Il est vrai que si je sais qu’il y a un mail en attente ou un article sur mon agrégateur, j’ai du mal à ne pas aller regarder tout de suite ce dont il s’agit. D’un autre côté, j’ai déjà fait l’expérience de couper toute notification email ou de message instantané, et ça avait plutôt bien marché.
Certes, j’ai suivi cette formation où le par cœur faisait partie du cursus, du coup mon cerveau serait "bien formé" et mon manque de concentration serait juste dû à un goût trop prononcé pour la geek attitude ? Quand il s’agit de rester concentrer sur un problème, j’y arrive sans soucis (tant que mon état de fatigue reste raisonnable :p). Du coup, je pense que la mémorisation reste nécessaire (alors que je déteste le par cœur, je ne connais même pas mes tables de multiplication…) car elle stimule des zones du cerveau. Une zone qui ne travaille pas est une zone qui s’atrophie et il n’est jamais bon de laisser un organe dépérir. Mais elle devrait être exercée intelligemment : poésie, citations et grandes dates mais aucun cursus ne devrait se baser sur ça. Je pense notamment au droit ou aux premières années de médecine où le par cœur prédomine.
Donc non, je ne pense pas que la mémorisation soit destinée à disparaître et cela n’est pas souhaitable surtout dans le cursus des plus jeunes (dont la capacité de câblage du cerveau est maximale). Mais diminuer son importance afin de mettre l’accent sur le contexte des choses (en laissant la part belle à la compréhension des causes et effets plutôt que sur les dates exactes en Histoire par exemple) pourrait être une orientation intéressante dans l’éducation du futur, Internet (ou son remplaçant) seront là pour combler un trou de mémoire éventuel.
Bien sûr, tout ceci n’est que mon avis personnel, je le partage 😉